La présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, Nancy Pelosi, lors de son arrivée à Taïwan. (Photo by Taiwanese Foreign Ministry / Han / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP)
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La présidente de la Chambre des représentants a affirmé que sa visite ne « contredit » pas la politique américaine vis-à-vis de la Chine. Pékin a annoncé des « actions militaires ciblées ».
Un affront à la Chine : la présidente américaine de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a atterri ce mardi 2 août à Taïwan, malgré les avertissements de Pékin qui considère cette visite comme une grave provocation risquant d’enflammer des relations sino-américaines déjà tendues. Actuellement en tournée en Asie, Nancy Pelosi, 82 ans, est la plus haute responsable américaine élue à se rendre sur l’île en 25 ans. Une initiative controversée qui crée déjà de fortes tensions dans la région.
Arrivée dans la soirée à bord d’un avion militaire américain, la dirigeante a été accueillie à son arrivée par Joseph Wu, le ministre taïwanais des Affaires étrangères. « La visite de notre délégation parlementaire à Taïwan démontre le soutien inconditionnel de l’Amérique à la vibrante démocratie de Taïwan », a-t-elle déclaré dans un communiqué publié peu après son arrivée. Elle a par ailleurs estimé que sa venue ne contrevenait « d’aucune façon » à la politique de longue date des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine. Sa visite n’avait pas été confirmée à l’avance mais plusieurs médias américains et taïwanais évoquaient depuis de nombreux jours sa venue, entraînant de fermes condamnations de Pékin.
Dès l’arrivée de Nancy Pelosi à Taïwan, le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé « une grave violation » des engagements américains vis-à-vis de la Chine, qui « porte gravement atteinte à la paix et à la stabilité » régionales. Il a dénoncé les multiples actions « extrêmement dangereuses » ces dernières années des responsables politiques américains, qui « utilisent Taïwan pour contenir la Chine », notamment avec cette visite. Le ministère chinois de la Défense a lui promis des « actions militaires ciblées » de la part de l’armée. La Russie, alliée majeure de la Chine, a également accusé ce mardi 2 août les Américains de « déstabiliser le monde » et décrit la visite de Nancy Pelosi comme une « pure provocation ».
Juste avant l’arrivée de la cheffe des députés américains, la télévision publique chinoise CGTN a annoncé que des avions de chasse Su-35 étaient en train de « traverser le détroit de Taïwan » séparant la Chine continentale de l’île, sans autre précision. Dans un communiqué, l’armée taïwanaise a démenti toute traversée du détroit par des Su-35.
« Contre mesures » chinoises
A Pékin, une telle visite est perçue comme un soutien implicite à l’indépendance de Taïwan – dont la Chine revendique la souveraineté. Le calendrier choisi aggrave aussi l’affront alors que ce mois-ci se réunissent en conclave secret les caciques du Parti communiste dans la station balnéaire de Beidahe, à l’est de la Chine. Dernier tour de chauffe pour le président Xi Jinping avant sa reconduction pour un nouveau mandat de 5 ans à la tête du pays lors du XXe Congrès du Parti communiste cet automne. Mais pour assurer sa victoire par acclamation, le président doit éviter de perdre la face d’ici là. Xi a fait de la réunification de Taïwan avec la Chine communiste une cause sacrée dans le cadre de ce qu’il appelle la « régénération nationale ». « La grande régénération de la nation chinoise ne sera pas une tâche aisée réalisée à la seule fanfare des gongs et des tambours », a-t-il déclaré aux responsables du Parti la semaine dernière à Pékin.
Pour Pékin, l’île constitue essentiellement un enjeu de politique intérieure. Dans un contexte où la croissance économique s’essouffle et où la politique zéro Covid provoque de plus en plus de contestations dans le pays, il est urgent pour Xi Jinping de ranimer la flamme nationaliste et la question taïwanaise est une occasion en or de mettre le pays et l’armée en ordre de bataille. « Pour toutes ces raisons, il y aura forcément une réaction très forte de la Chine », estime Chen Dingding, professeur de relations internationales à l’université de Jinan.
Alors que l’Armée populaire de libération fêtait lundi 1er août son 95ème anniversaire, plusieurs médias officiels ont ainsi multiplié les déclarations belliqueuses sur la défense de la souveraineté nationale et diffusé une vidéo du nouveau missile balistique chinois Dongfeng-17. Ce week-end, des exercices militaires à munitions réelles ont eu lieu à moins de 200 kilomètres des côtes taïwanaises.
« Qui joue avec le feu, risque de mourir par le feu »
Des menaces reprises la semaine dernière par Xi Jinping lui-même lors d’un appel téléphonique avec le président Joe Biden : « Qui joue avec le feu, risque de mourir par le feu », a-t-il lancé, selon les autorités chinoises. « Il s’agit plus d’une rhétorique guerrière que d’une déclaration de guerre, tempère David Gitter, président du think tank Center for Advanced China Research. Cette déclaration ne signifie pas que la Chine est sur le point de faire quelque chose de terrible, comme menacer directement la sécurité des Etats-Unis ».
Source : L’Express
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